Sophie Trabacchi enseigne la calligraphie chinoise aux Valaisans.
De prime abord, cela semble simple. Un pinceau, de l'encre de Chine et des modèles d'idéogrammes chinois qu'il s'agit de reproduire fidèlement. Mais gare aux apparences. Car Sophie Trabacchi enseigne aux Valaisans un art complexe et millénaire: la calligraphie chinoise. Une fois par mois, dans le cadre de l'Université populaire de Sion, de petits groupes d'élèves, novices ou plus expérimentés, viennent se plonger dans l'ambiance sereine et intense de la culture asiatique. Quatre passionnés ont fait le déplacement samedi. Dans une atmosphère zen et studieuse, Sophie Trabacchi, fille d'un maître calligraphe, et pédagogue-née, circule parmi les tables et distille conseils et informations.
"Je ne souhaite pas avoir des groupes trop grands. Ainsi je peux connaître la personnalité et le style de chacun."
Calme et patience
Rien n'est laissé au hasard, de la posture du corps au maniement du pinceau en passant par les multiples effets de relief de l'encre de Chine. Il faut une patience et une concentration de tous les instants pour tracer les calligrammes labyrinthiques.
Tout d'abord, il s'agit de s'exercer aux traits de base. Des courbes, des points et des feuilles d'exercices que certains n'avaient pas vus depuis longtemps.
"C'est comme à l'école!"
s'exclame-t-on dans les rangs. Quand les traits deviennent plus sûrs, lorsque le mouvement est plus rythmé, les élèves peuvent alors s'attaquer aux motifs plus complexes.
Très vite le calme s'installe dans la salle et les étudiants sont esprit et corps à leurs pinceaux. Comme dans beaucoup de disciplines orientales, la concentration permet d'atteindre la relaxation.
"J'ai déjà donné ce cours à des enfants pour le passeport vacances,
explique Sophie Trabacchi à ses disciples attentifs,
vous verriez la surprise des parents lorsqu'ils voient leur progéniture dans un calme olympien. C'est une des vertus de la calligraphie. Elle facilite l'attention et l'apprentissage chez les plus jeunes."
La complicité s'installe vite entre maître et apprentis. Ces derniers écoutent avec intérêt Sophie Trabacchi narrer son apprentissage de la calligraphie dans les écoles chinoises et auprès de son père.
Un art rigoureux
"Parfois j'ai l'impression que c'est plus facile de poser un satellite sur une comète que de faire ça!"
s'exclame soudain un élève aux prises avec un calligramme complexe. La calligraphie chinoise répond à des canons esthétiques très précis. Les traits s'effectuent dans un sens et un ordre normé. Pour atteindre la perfection, les élèves doivent former à la fois la main et l'oeil. La main effectue le mouvement le plus parfait possible. L'oeil reconnaît l'harmonie des formes.
Les apprentis calligraphes peinent à mettre la juste force dans leur pinceau, à donner le bon mouvement du poignet pour affiner leur trait. On ne s'improvise pas calligraphe... mais on peut le devenir à force de travail. Stéphane Meier, le plus ancien élève du cours, s'attèle à la tâche la plus ardue: tracer les lettres sans modèle, à main levée. Pour ce ceinture noire de karaté, la calligraphie présente de nombreuses similitudes avec les arts martiaux:
"Dans les deux cas on cherche la perfection. Le mouvement le plus juste. Tout comme le karaté, la calligraphie requiert une concentration parfaite."
De père en fille
Le cours est marqué par la figure de M. Chen Bing Kwei, le père de Sophie Trabacchi. Elle parle avec émotion de celui qui fut son mentor dans la calligraphie.
"Il est reconnu dans le monde entier, a exposé au Louvre et au Petit Palais de Paris. Il a même eu le droit de tracer ses calligrammes en Chine dans la pierre. Un honneur qui est d'habitude réservé aux empereurs."
Chen Bing Kwei avait même assisté sa fille lors d'une leçon de l'unipop. Une session dont les habitués se souviennent encore avec émotion.
Après une heure et demie de cours au son des gammes pentatoniques et dans la senteur de thé vert, les élèves repartent apaisés.
"C'est l'instant carpe diem de la semaine",
témoignent-ils en choeur.
Tout le monde peut, selon Sophie Trabbachi, se mettre à cet art subtil pourvu qu'on soit droitier.
Une autre condition est d'avoir du temps car c'est un apprentissage de longue haleine.
"On sait quand on commence à calligraphier, pas quand on finit",
rappelle Sophie Trabacchi à ses élèves avant qu'ils ne quittent la salle.
Prochains cours, samedis 17 janvier, 7
février, 14 mars. calligraphie.art@gmail.com